jeudi 15 septembre 2011

Quatrième volet

Samedi soir j'ai rendez-vous avec l'avant dernier volet pour le Paris Brest Paris. Je ne le sais pas encore mais il sera le dernier pour moi.
Quand je pratique ma passion, le vélo longue distance, j'ai toujours en mémoire ce mot "humble".
Humble devant les beaux paysages que cette pratique m'autorise à admirer, humble devant les merveilleuses rencontres qu'elle me permet de faire, aficionados de la longue distance ou pas, des visages, des prénoms, mais comme je ne peux tous les citer, je préfère les nommer sous le nom du club qui m'accueille: "Club Cycliste de Bourg Blanc". Humble et admiratif devant des cyclos aussi passionnés que moi mais avec des âges qui me foudroie d'admiration. Humble devant une réussite comme devant un échec.
Alors quand je suis confronté à un échec, la première chose à faire est de voir mon comportement sur mon vélo. Il n'est pas responsable de la cadence demandée. Il obéit à mon moteur bicylindre et au carburant proposé. Je repense ce soir à ce que me disait mon fils en revenant de Guingamp: " Tu ne penses pas que parfois c'est phénomène psychosomatique, que tu te fais tout seul un film dans lequel tu joues un mauvais rôle, tu as mal ici, puis là, à force de t'en convaincre tu as vraiment mal et la douleur devient si intense que tu te mets dans le rouge, tu forces encore plus, puis une fois que ton moral est au fond de tes chaussures, il t'apparaît comme évidence d'abandonner." J'avoue qu'il n'a pas tort dans sa réflexion, il m'arrive souvent d'imaginer de craindre de ressentir de mauvaises sensations dans les jambes, le cœur. Le mental a déjà pris le dessus sur moi pendant mon premier PBP, je n'avais pas la force de suivre les conseils de mon ami J-P. Finalement la vraie question n'est-elle pas: "suis-je fais pour cette randonnée?" Je suis capable de faire 2200 kilomètres en 9 jours sur un parcours que j'ai établi et devant un trajet pré-établi je suis scotché sur la route!
Avant le départ, je salue Roland.
Dès vingt heures, les fauves sont lâchés. Je regarde passer les TGV de Bourg Blanc. Moi, je suis plutôt micheline. Alors? Sans regret, je les regarde s'éloigner.
L'objectif pour la nuit est de rester dans un groupe qui me convient. Je retrouve donc avec plaisir, les cyclos de Landerneau, Bodilis et Guipavas. Nous formons un groupe d'une dizaine de cyclos. L'allure est agréable, le vent bien qu'il ne soit pas favorable, n'est pas un handicap. Nous rencontrons, entre Landerneau et Landivisiau, des supporters. C'est génial ces familles qui nous attendent sur le bord de la route pour nous souhaiter bonne chance.
En arrivant à Morlaix un cyclo nous indique le bar ouvert pour valider notre carnet de route. Ce n'est rien d'autre que Roland qui semble en forme, le gaillard. Nous pointons, certains s'équipent pour la nuit. Je pense le faire à Carhaix. Je trouve qu'il fait encore chaud et le profil à venir me pousse à ce choix. Nous partons un peu éparpillés, mais avant les premières pentes le groupe se reforme. Finalement la pluie, qui était annoncée depuis des jours, fait son entrée dans le brevet. Il est décidé de capet les hommes et les femmes. Nous nous arrêtons sur le bord de la route et chacun s'équipe. Nous reprenons notre rythme pour rejoindre Berrien terme de cette longue grimpette.
Quand tu te trouve dans un groupe tu vis un spectacle féérique; toutes ces lumières devant et ces lampions rouges de l'arrière, c'est magnifique! Tu n'oublies pas la route mais elle te semble plus facile. Poullaouen enfin, c'était le point dur de cette portion pour moi. Heureusement il est passé tranquillement. Maintenant direction Carhaix, après le pointage direction Lézardrieux que je ne verrai pas.
En quittant Carhaix je ressens une douleur dans le bas ventre et sur l'extérieur du genou gauche. Je n'ai pourtant rien pris qui puisse me gêner. J'essaie de rester en contact avec des cyclos. C'est dommage de devoir les laisser filer. Mais l'aiguille dans le genou est insupportable; mon ventre est tendu, les douleurs sont intenses. La décision se fait d'elle même... je m'arrête; je joins mon fils pour savoir s'il peut venir me récupérer. Nous nous donnons rendez-vous à la gare de Guingamp où j'aurai du mal à arriver.
Aujourd'hui ce qui compte c'est de repartir le plus vite possible avant que la gangrène envahisse tout mon cerveau, me remettre en selle sur mon programme bis. Dans quatre ans si l'envie de tenter le diable du PBP me reprend... pourquoi pas?
Mon planning professionnel m'interdit toutes autres tentatives. C'est avec regret, mais il me faut oublier le Paris Brest Paris 2011.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Bienvenue

Merci d'avoir prie le temps de me lire.