lundi 12 septembre 2011

Brest Perpignan

Etape 2


Le lendemain matin, je me réveille à 4h15, je me prépare tranquillement, je descends prendre mon vélo, et à 4h45 je pars en direction Pontchâteau. Il fait doux et le vent est tombé : je ne regrette pas mon choix. Mais il faut que je gère, car aujourd’hui l’étape va être longue, il est hors de question que mon retard me suive jusqu’à la dernière étape. J’aime beaucoup pédaler dans la nuit, j’apprécie le silence ainsi que l’éclairage public quand j’approche des villes. Pontchâteau va être atteint avant le lever du jour ; ensuite je choisis des petites routes pour atteindre la quatrième ville contrôle, Saint Étienne de Montluc. J’opte pour une photo devant le panneau, mais je ne m’éternise pas.
J’arrive juste à temps pour prendre le bac pour aller de l’autre côté de la Loire ; la traversée se fait plus vite que prévu. Entre ma feuille de route et mon heure réelle il y a un peu de retard. C’est également vrai que j’ai déjà plus de 50 Kms dans les jambes pour aujourd’hui, pour le moment rien de dramatique.
De l’autre côté de la Loire, je reprends mon bâton de pèlerin et mon vélo en direction Bouaye, Pont St Martin, Vieillevigne et le contrôle suivant l’Hébergement. Il est temps pour moi de penser à prendre mon petit déjeuner : un croissant et un café. Je donne de mes nouvelles. Mon épouse les attend avec impatience. Je prends même le temps de relire mes messages ; merci à vous tous, Marie, Anthony, Samuel, Alexandre, Patrick, Nono ; je sais que sur la route, je suis seul, mais là-bas derrière vos téléphones, vous êtes présents, cela m’encourage à continuer. Après l’Hébergement je fais route sur les Essarts puis Bournezeau ; sur la place une supérette me tend les bras, j’achète mon repas du midi : deux bananes et une bouteille d’eau, je ne reste pas trop longtemps ; il fait frais car le vent est tournant. En reprenant ma progression deux changements importants le vent est favorable et le profil de la route plus facile : c’est agréable pour atteindre Mareuil et Luçon. Tout a une fin : la portion Luçon, Marans, St Jean de Liversay me semble interminable ; de plus le vent se lève,ce qui me ralentit considérablement et l’état de la route est déplorable à cause de son utilisation fréquente par les camions : je ne peux pas éviter les trous. Je prends mon mal en patience mais il me tarde d’arriver au contrôle. La boulangère me demande les raisons pour lesquelles elle aurait la gentillesse de mettre sur mon carnet le tampon de son magasin. Elle me regarde avec étonnement : ce monsieur est-il fou ou sérieux ? Sans doute suis-je les deux à la fois, en tout cas, prise de compassion elle ne me fait pas payer ma demi-baguette et en prime, elle me fait même cadeau d’un chausson aux pommes. Génial. Mon repas de ce soir ressemble à un festin de roi.
Malheureusement je ne peux m’attarder davantage ; mon étape est encore longue : sur le papier il reste encore 148 kms. Avant de partir ; j’accomplis le rituel des messages. Je décide aussi de me préparer pour le soir, un habitant me regarde en train de m’habiller, il examine aussi mon vélo, les pancartes sur le cadre ; comme la boulangère il a un visage grave ; il faut que je quitte rapidement ce bourg, sinon les gens vont finir par m’enfermer pour folie. De plus, quand il me demande ma route, il lève les yeux au ciel, mais pourquoi ? Je comprends que la route que j’ai l’intention d’emprunter est très fréquentée par les voitures et les camions, et cela jusqu’à Surgères ; (à noter ce soir ne plus prendre la D115), je sers donc ma droite, je tiens fermement mon guidon à cause du déplacement d’air dû aux véhicules qui me dépassent et qui me croisent. Avec beaucoup de soulagement, j’aperçois Surgères, mais le profil de la route devient très accidenté, et je ne le sais pas encore, il en sera ainsi jusqu’au terme de la diagonale. Je poursuis mon étape avec le désir de ne pas m’arrêter ; pourtant je suis contraint de le faire, car mes gourdes sont vides. Je les remplis en achetant une bouteille... pour cette fois-ci ça sera du coca. Je vais faire alors l’expérience de cette boisson tonique, que je prendrai dorénavant une fois sur deux. Je téléphone à mon épouse, qui insiste pour que je roule le moins possible de nuit ; finalement je lui promets d’aller à la prochaine ville contrôle, et ensuite je prendrai la décision qui me semblera la meilleure. Soudain, je retrouve des forces, en arrivant à Cognac (santé !) : c’est sûrement grâce aux odeurs et aux vapeurs de la boisson qu’on y fabrique ! une fois la photo prise.
J’envoie, comme d’habitude, mes messages, consultent ceux qui me sont adressés. J’apprends ainsi que mon épouse attend mon appel jusqu’à minuit. Je l’appelle donc en lui affirmant que je continue. Elle n’est pas rassurée, mais que peut-elle la malheureuse, à plus de 550 Kms de distance ? Dans un autre message envoyé à minuit, elle me fait savoir, après renseignements obtenus sur le forum super randonneur, qu’une diagonale ne comporte qu’un aller. Je lui répondrai demain en lui rappelant que je lui avais demandé de descendre me rejoindre à Perpignan; Mais la perspective de conduire sur une aussi longue distance lui paraissant trop éprouvante, j’ai donc décidé de faire dans les deux sens... du moins essayer. En arrivant à Barbezieux St Hilaire, j’ai un coup de mou ; je me repose une demi-heure dans un abri de bus, puis je fais les derniers kilomètres pour atteindre Chalais, tard dans la nuit. J’ai la chance de trouver un sas de banque ouvert ; je peux ainsi dormir au chaud pendant trois heures, bien que le carrelage soit froid et que ma couverture de survie ne soit pas si isolante que je l’imaginais. Dans ces conditions, le temps de sommeil est réduit mais récupérateur.

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