lundi 12 septembre 2011

Perpignan Brest

Etape 7

En arrivant à Bergerac, fort tard où fort tôt, tout dépend que l’on soit pessimiste ou optimiste (et pour le moment je suis optimiste), sur mon chemin, je fais une rencontre incongrue pour moi, père de famille, je croise trois jeunes, le plus âgé doit avoir treize à quatorze ans et le plus jeune pas plus de dix ans. Je ne suis pas là pour faire l’éducateur, mais je ne peux qu’être en colère contre les parents irresponsables de ces enfants. Cependant je chasse rapidement cette montée d’adrénaline inutile, source d’épuisement de mon énergie, pour le moment je n’en pas de trop. Mes amis les camions se font plus présents à l’approche de Mussidan. Cela ne me plaît pas trop, heureusement sur ma route, je vois une banque qui jusqu’à présent a toujours été ouverte pour moi, là encore le sas s’ouvre. Je m’installe pour une petite heure au chaud. Avant de repartir, je change les piles dans ma frontale et à l’arrière, puis je prends la direction de Ribérac pour rejoindre la ville contrôle Montmoreau de St Cybard. J’essaie de trouver un commerce ouvert. Rien, c’est incroyable ! C’est vrai nous sommes lundi, mais tout de même, je note sur mon carnet « photo tout est fermé ». Je trouve finalement, à la sortie de la ville, une station-service, je pointe là mais je n’ai encore rien avalé et ce n’est pas bon. Direction la D 674, mais c’est encore un mauvais choix, car la route est très fréquentée par les camions et autres, mais que faire sinon rouler, serrer ma droite le plus possible, patienter pour arriver à Angoulême qui ne déroge pas à la règle car elle est tout en hauteur, ce qui s’appelle hauteur. Ma première préoccupation est de trouver un commerce ouvert ; mon choix se porte sur une petite épicerie. J’achète deux bananes et une bouteille d’eau. Je savoure mes bananes, je les mâche longtemps jusqu’à en faire de la bouillie pour éviter des soucis d’estomac ; ensuite, je bois en faisant attention de ne pas arriver à saturation. Je peux reprendre la route vers Rouillac et Martha, mais cette route toujours identique m'épuise; j’espère qu’après St Jean d’Angély, ville contrôle, en prenant la direction de Niort, tout cela va changer. Une nouveauté dans ma diagonale avant d’arriver la haut à St Jean, il pleut, pas beaucoup, mais assez pour me convaincre de me protéger en m’habillant plus chaudement ; mais je commets une nouvelle erreur, car ensuite je risque d'avoir trop chaud. Je pointe dans une station. La patronne, intéressée, veut savoir d’où je viens et où je vais ; nous parlons des difficultés et efforts : justement, la Charente pas si plate qu’on le croit. J’appelle de nouveau à la maison et, sans plus attendre, je prends la direction des Deux-Sèvres et de Niort. Je trouve enfin une route plus clémente avec moi : c’est génial. Mais avant de trop souffrir j’effectue rapidement un massage sur mon genou et mes cervicales, quoique celles-ci semblent moins me faire souffrir. C’est formidable, car je réussis à pédaler même sur le grand plateau, je fais aussi l’amère constatation que je suis un éternel insatisfait, les lignes droites sont longues et fatigantes, j’ai hâte de voir le panneau de la ville ; quand j’arrive, il fait encore jour. Il faut que je me décide : soit je dors dans un jardin public si j’en trouve un tout proche, soit je roule. Après avoir téléphoné à mon épouse, je décide de rouler en direction de Fontenay Le Comte.
En partant de Niort je trouve facilement la route qui doit m’emmener vers ma nouvelle ville étape, c’est sans compter avec les bureaucrates, car la route est interdite aux vélos. Mais ce n’est pas grave, je trouve la piste cyclable ; mais au fur et à mesure que j’avance, la piste cyclable devient piste tout court. Il y a de moins en moins de goudron et des nids de poule de plus en plus nombreux et plus gros. La ténacité, un peu la colère aussi, me font retrouver une route normale. Sans relâche je pédale, je lutte un peu contre un coup de mou ; pour le moment il est gérable. Fontenay est atteint ; encore un effort pour arriver à la prochaine ville contrôle Sainte-Hermine ; j’y suis avant la fermeture des bars. Justement sur ma route, il y a un dans lequel j’entre. Quelques clients encore présents me regardent puis se regardent également: ils sont en train de se demander qui est ce cycliste qui roule à cette heure là : sûrement un fou. Le patron accepte de me servir un café et de pointer mon carnet. De bonne grâce je réponds aux questions, j’accepte bien volontiers les cafés qui me sont offerts. Je cherche un endroit tranquille pour une sieste réparatrice, je reste en tout deux heures dans un sas de banque, quel fainéant je suis ! Il faut repartir, l’idéal pour moi est d’arriver tôt pour traverser Nantes ; c’est en tout cas mon désir, je m'enduis de pommade le genou, et les cervicales. Je fais un rapide calcul, c’est quasiment mission impossible, mais foi de breton cette fois je compte bien aller voir si comme, un certain jeudi du mois d’août 2007 entre Loudéac et Tinténiac, une personne me faisait la réflexion « tu as encore des ressources et tu les ignores ! ». Cette fois je compte bien aller au bout, ne rien lâcher. Les premiers tours de pédales sont un peu difficiles mais rapidement j’imprime une bonne cadence ; pour le moment je ne croise pas trop de camions. J'apprécie beaucoup de rouler de nuit car on ne voit pas le profil ; mais selon les sensations, on peut régler les pignons. Enfin, j’aperçois de la lumière : est-ce St Fulgent ? c’est Chantonnay ; il faut continuer « ne rien lâcher », ne pas penser au temps qui passe. Je continue dans la nuit qui est de plus en plus perturbée par les feux des camions ; au fond de moi j’ai hâte à ce soir ou demain matin, quand je serai à la maison. Je reste concentré. Cette fois-ci, les lumières au loin sont celles de St Fulgent ; je suis dans les temps que je me suis donné, ce qui me rassure. Ensuite je vois un panneau qui indique Montaigu 17 km ; c’est plus que ce que j’ai sur ma feuille de route, il faut toujours avancer « ne rien lâcher », tant que mon genou tient il faut appuyer sur les pédales. Tout à coup, un autre panneau annonce « St Georges de Montaigu », ce qui me ramène au bon kilométrage. Je dépasse ces villes ; sur la route je ressens bien que j’arrive bientôt dans une autre plus grande, car la circulation devient de plus en plus dense. Pour le moment tout roule comme je le souhaite, je suis presque survolté. Je trouve la fin un peu longue, mais en arrivant aux Sorinières j’ai quinze minutes de retard sur ma prévision. Sur la rue principale je trouve un bar, je valide mon carnet et j’avale un café et deux croissants.

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